Le prélat, nourri à la sève de la théologie morale enseignée par Xavier Thevenot et, en plus d’être l’auteur de nombreux ouvrages, occupe une place centrale au sein de la Conférence des évêques de France. Il préside, au nom de ses pairs, la cellule permanente de prévention et de lutte contre la pédophilie.
S’appuyant sur la psychologie des auteurs d’abus écartelés entre immaturité et perversité, il élabore tout d’abord la thèse de la « toute-puissance » fondée sur trop d’humanité et l’exercice d’un cléricalisme et d’un élitisme. Ensuite, il passe à des thèmes comme la séduction du sexe et de l’argent avant de se lancer dans une réflexion sur la notion de chasteté vue comme juste distance du rapport à l’autre.
Prenant appui sur la théologie, il renverse -dans le quatrième chapitre- le paradigme de la toute-puissance en magnifiant la référence d’un Dieu tout-puissant dans la faiblesse, la chasteté et l’obéissance.
C’est alors qu’il amorce une conclusion en examinant les « ressources de l’Église » qui ne vont cependant pas très loin dans leur force propositionnelle. Peut-être parce que l’auteur s’est trop enfermé à une toute-puissance qui, comme il l’écrit (p.11) n’est pas « un concept très précis ». Dans ce cas, intégrer la dimension systémique de la pédocriminalité aurait été un plus dans cette approche de la toute-puissance. N’empêche, l’intérêt de l’ouvrage est surtout de faire réfléchir aux dérives de la toute-puissance.
Homère Yague